Noaḥ Homme Juste de sa Génération
" Noaḥ, Ish Tsadik, Tamim Haya Bedorotav "
" Noaḥ Homme Juste"
" Intègre dans ses Générations "
Les Sages se demandent : Noah était-il juste seulement dans son époque, ou l’aurait-il été même dans celle d’Avraham ?
Car être juste dans un monde corrompu, c’est parfois seulement survivre.
Mais être juste dans un monde en devenir, c’est prier, pleurer, intercéder pour le monde.
Rabbi Naḥman enseigne : le Tsadik n’est pas seulement celui qui se sauve, mais celui qui veut sauver les autres de la noyade.
Noaḥ construit l’Arche, mais il reste silencieux.
Il n’élève pas la voix pour réveiller les cœurs.
Le Tsadik véritable, dira Rabbi Naḥman, c’est Yossef HaTsadik — celui qui descend jusqu’en Égypte, dans les profondeurs de la matière, pour y éveiller la Présence Divine captive.
Noaḥ flotte au-dessus du monde englouti ; Yossef plonge dans la boue pour faire refleurir la lumière.

Le Déluge et les Eaux de la Conscience
Le Maboul, le Déluge, n’est pas seulement une catastrophe physique : c’est une inondation des consciences, quand les eaux du chaos recouvrent les pensées humaines.
Le Zohar explique que les eaux d’en haut et d’en bas se confondent : les désirs spirituels et les instincts matériels se mêlent sans discernement.
Alors le monde perd son souffle.
Mais dans l’Arche, Noaḥ médite le Nom divin.
L’Arche — téva — signifie aussi le mot.
Rabbi Naḥman révèle : celui qui entre dans la “téva” des mots saints est sauvé du déluge intérieur.
Prier, c’est entrer dans la Téva, c’est se laisser porter par les mots du Divin lorsque tout s’effondre.

Le Ḥamas et la Violence du Monde
Dans cette parasha, le mot חמס — ḥamas, apparaît deux fois.
C’est le mot de la corruption violente, du vol et du mensonge systémique.
Le monde est détruit non seulement par la violence des armes, mais par la distorsion du langage, par la profanation des mots.
Et c’est pourquoi la parasha se clôt sur la Tour de Babel, confusion des langues.
Quand les mots cessent de relier les âmes, ils deviennent des armes.
Rabbi Naḥman enseigne : La chute du monde vient du mauvais usage de la parole.
Et sa guérison viendra du retour à la parole pure — au chant, à la prière, au Nom.

Le Scorpion et la Transformation
Cette parasha se lit toujours dans le mois du Scorpion — Akrav.
Signe de mort et de renaissance, de venin et d’antidote.
C’est le temps où le feu de Mars (Ma’adim) descend dans l’eau de la vie.
Le Scorpion symbolise l’âme qui traverse le fleuve de la destruction pour renaître à une conscience plus haute.
Comme Noaḥ, chacun doit construire son Arche intérieure, y rassembler ses animaux — ses instincts, ses forces sauvages — et les apaiser sous la lumière d’en haut.
Du Tsadik Noaḥ au Tsadik Yossef
Rabbi Naḥman voit dans la figure du Tsadik un axe de continuité :
Noaḥ a survécu à la destruction, mais Yossef a racheté la destruction.
Noaḥ a sauvé le monde physique ; Yossef sauve la parole.
Noaḥ ferme la porte de l’Arche ; Yossef ouvre la bouche du rêve.
Le Tsadik, dit Rabbi Naḥman, est le Juste qui relie les mondes — celui qui transforme le venin du Scorpion en élixir de vie.
Dans le monde du mensonge, il devient le langage de vérité.
Dans le déluge de confusion, il devient la barque de la prière.
Dans le feu de la colère, il devient rosée de compassion.
Méditation
Ferme les yeux.
Vois la lettre נ (Noun)
Descendre en toi
Poisson d’or nageant dans les eaux profondes.
Vois la lettre ד (Dalet)
Porte du cœur qui s’ouvre sur l’humilité.
Respire.
L’eau du déluge devient rosée.
Le venin devient lumière.
Et la Terre se souvient du ciel