
"Quand tu sortiras en guerre contre tes ennemis…"
Le Zohar explique que ce verset ne parle pas seulement de guerres physiques. La sortie en guerre est celle de l’âme qui descend dans ce monde, vêtue d’un corps et plongée dans les passions, les illusions et les épreuves.
L’ennemi extérieur n’est que le reflet de l’ennemi intérieur : le Yetser Hara, l’inclination au mal, le mauvais penchant qui détourne.
Rabbi Naḥman a transmis que le principal combat de l’homme, c’est contre sa propre mélancolie » (Atzvout). Celui qui parvient à transformer sa tristesse en prière a déjà vaincu.
La femme captive de belle apparence
Le Ari zal lit ce passage comme le mystère de l’âme divine en exil dans les forces du mal. Quand Israël « sort en guerre », il libère des nitzotzot (étincelles saintes) captives dans les mondes de l’obscurité.
L’âme captive doit être « purifiée », c’est-à-dire transformée, avant d’être unie de nouveau à sa racine.
Dans la vie quotidienne, chaque rencontre, même avec ce qui paraît étranger ou hostile, peut contenir une parcelle de lumière à élever.
Les lois sociales et éthiques
Balances justes, respect de l’ouvrier, souci de l’orphelin et de la veuve… La Kabbale y voit le travail sur les midot (traits de caractère).
Mesures justes = Aligner nos forces intérieures sans excès ni manque.
Ne pas museler le bœuf qui foule le grain = Permettre aussi à notre corps de jouir de la vie quand l’âme travaille. L’équilibre, pas l’ascèse destructrice.
Amalek, l’ennemi ultime
Le Zohar décrit Amalek comme la racine du « doute » (Safek en hébreu qui a la même valeur numérique que Amalek = 240).
Amalek refroidit l’élan, « coupe les mains » de l’enthousiasme.
La mitsva de se souvenir d’Amalek, c’est l’ordre de rester en éveil : Ne jamais laisser le cynisme et le relativisme tuer l’élan du cœur.
Le fil conducteur
Toutes ces lois dispersées de Ki Tetse ne sont pas juxtaposées au hasard : Elles dessinent le chemin de l’âme.
On commence par la guerre intérieure
On libère les étincelles captives,
On apprend la justice dans le quotidien,
On conclut par la mémoire d’Amalek, condition pour garder vivante la conscience du Divin.
Ki Tetse est un manuel de réparation (tikoun). Il nous dit que la vraie guerre n’est pas de conquérir des territoires, mais de transformer l’intérieur, de libérer les âmes captives, d’ajuster nos forces et de ne jamais laisser l’oubli étouffer la flamme.
