« ʿEkev  Le Secret du Talon 

L’humilité  ouvre les Portes de la Bina »

 

« L’essentiel de la Teshouva, C’est que l'homme sache qu'il ne sait rien. »

 

Rabbi Naḥman nous l'enseigne :

“Ikar ha-teshuva, Sheyeda Adam She-hu lo yodea kloum.”

Le concept de Teshouva englobe tellement d'aspects ( Retournement, Réponse Intérieure, Renaissance, Repentance, Retour vers Soi, vers Dieu), que le réduire à l'idée de ''savoir que l'on ne sait rien'', peut paraître quelque peu simpliste...

Et pourtant, ce n’est nullement une dévalorisation de l’esprit, mais plutôt une libération de l’ego qui se croit déjà rempli, alors qu'il n'est que boursouflé de plates certitudes.

Car le savoir qui s’auto-suffit ferme la porte à la Présence. L’ignorance reconnue, l’humilité du “Je ne sais pas”, devient ouverture au véritable savoir qui descend d’En-Haut.

 

Parashat ʿEkev : Humilité du Talon

Dans ʿEkev (Devarim 7–11), Moïse met en garde :
« Et ce sera, ʿEkev, parce que vous écouterez ces lois… » (Devarim 7:12).
Rachi explique : Le mot ''Ekev'' que l'on peut traduire par '' en conséquence '' renvoie aussi au talon, à ces mitsvot que l’homme piétine du talon, considérées comme “petites” et négligeables.

La Torah nous conseille : Ne méprise rien, même ce qui pourrait  paraître à tes yeux comme insignifiant. L’orgueil intellectuel cherche les grandes idées et méprise les détails. Mais c’est souvent dans la poussière du talon, dans le geste simple et caché, que se trouve la vraie rencontre avec Dieu.

En Kabbale, le talon symbolise Malkhout, la plus basse des Séfirot, celle qui reçoit tout et semble insignifiante. Mais c’est précisément par cette humilité — par le détail caché, le petit geste,  savoir que «je ne sais rien» , que la Bénédiction s’ancre dans le monde.

Dans cette parasha, Moché rappelle que le peuple ne doit pas s’enorgueillir de sa force ni de son intelligence, mais reconnaître que la manne, l’eau et la terre promise sont dons divins.

Le Zohar explique que Malkhout ne reçoit que dans la mesure où elle s’annule devant les Sefirot supérieures. Ainsi, Israël est invité à marcher dans le désert intérieur de l’humilité, pour que Malkhout (le talon) devienne réceptacle de la lumière de Bina, appelée « Terre de lait et de miel ».


Rabbi Naḥman rejoint ce point : Ce n’est pas par accumulation de savoir ou de prestige que l’homme se rapproche, mais par l’humilité d’accepter de ne rien savoir, de marcher pieds nus, en quelque sorte.

 

 Émounat Ḥakhamim

Confiance dans les Sages

Dans un monde saturé de doutes, la Emounat Hakhamim, la Confiance dans les Sages, est souvent vécue comme une naïveté. Mais pour Rabbi Naḥman, elle est un axe central.
Non pas parce que le Sage serait parfait, mais parce qu’il est un canal : Ecouter un maître, c’est s’exercer à écouter au-delà de soi.

Dans la parasha ʿEkev, Moché rappelle : «Souviens-toi du chemin par lequel Hachem t’a fait marcher ces quarante années… Pour t’humilier et t’éprouver, afin de savoir ce qui est dans ton cœur » (Devarim 8:2).
Cette humiliation (ʿaniyout, pauvreté), c'est la pédagogie de la Foi. Comme le peuple au désert dépendait chaque jour de la manne, ainsi l’homme doit dépendre de la transmission vivante des Maîtres.

 

L’amertume d’aujourd’hui

Notre génération est traversée par une sourde amertume : Désillusion politique, crises sociales, perte de confiance, sentiment que la sagesse a déserté. Beaucoup vivent la Torah comme une tradition lointaine ou un fardeau.

Rabbi Naḥman dirait : Cette amertume est une clé. Car elle révèle la soif d’un goût vrai. L’amertume, si elle est offerte dans l’humilité, devient ouverture à la douceur divine.
Dans ʿEkev, il est écrit : « Tu mangeras, tu seras rassasié, et tu béniras » (Devarim 8:10). La Bénédiction n’est pas dans l’orgueil du plein, mais dans la gratitude qui transforme même le goût amer en chemin de douceur.

 

Dans l’amertume et la petitesse, Se cache la clé de la douceur et De l’expansion.

L’humilité du talon ouvre les Portes de la Délivrance.