
Bamidbar
Le compte du manque
Le Compte du Manque
A l'Origine du Désir
Dès que l’on commence à compter, le manque commence.
Voici le secret dévoilé dans la Parasha Bamidbar, "Dans le désert", ce lieu vide, silencieux, creux — Lieu choisi par Dieu pour parler.
Pourquoi ?
Parce que c’est justement dans le manque que la Voix Divine peut être entendue.
Seulement du Lieu où tout semble absent peut émerger la Présence.
Rabbi Naḥman enseigne : Le chiffre, le nombre, la mesure, sont les premiers vêtements du manque.
Compter les Bnei Israël, ce n’est pas seulement les dénombrer, c’est reconnaître que chacun est unique, irremplaçable, mais aussi que chacun manque à l’autre, et que c’est ce manque réciproque qui rend la communauté vivante.
La Création elle-même est née d’un manque. Le Tsimtsoum, ce retrait volontaire de Dieu pour laisser un espace vide, n’est pas une absence sèche, mais un appel vibrant :
"Viens. Incarne. Remplis."
Le monde existe sur la base d’une présence minimale. Une étincelle divine, un souffle, un point. Moins que cela, et il n’y aurait rien. Plus que cela, et il n’y aurait plus de place pour l’altérité, pour l’amour, pour la quête.
Et c’est là le paradoxe mystique : plus il y a de créations, plus il y a de séparation et plus il y a de manques. Mais c’est précisément cette fragmentation, cette brisure, qui appelle à la restauration, au Tikkoun, à la ré-unification. Le chiffre disperse, mais il révèle aussi la profondeur de l’Infini contenu dans chaque être.
Chaque être humain est une lettre, un chiffre, une parcelle du Nom Divin qui cherche à se recomposer.
Dans le désert des Nombres, nous cherchons le Un
Quand tu ressens le vide, ne le fuis pas.
Il est ton berceau
Il est le désert où Dieu murmure
Il est la page blanche sur laquelle
Le monde se raconte.
Souviens-toi
Le manque n’est pas une malédiction
Il est l’empreinte du Divin
Qui t’invite à compléter l’histoire.
