
Aujourd’hui, le 33ᵉ jour du Omer
Lag BaOmer
Un feu de miséricorde au cœur du compte
Lag BaOmer, le 33ᵉ jour du décompte du Omer, marque un point lumineux et unique au sein des 49 jours nous menant de Pessa’h à Chavouot.
Ce jour est désigné par les lettres ל״ג (Lamed-Gimel), qui ont la valeur numérique de 33. Mais ce nombre n’est pas qu’un repère arithmétique : il révèle un mystère spirituel profondément enraciné dans l’histoire d’Israël et les secrets de la Kabbale.
La fin d’un deuil, la naissance d’un espoir
Pendant les premières semaines du Omer, le peuple juif vit une période de deuil marquant la disparition tragique de 24 000 élèves de Rabbi Akiva, emportés par une épidémie.
Nos sages nous enseignent que cette plaie fut une conséquence du manque de respect mutuel entre ces géants de Torah. Le 33ᵉ jour, l’épidémie cesse. Ce n’est pas seulement la fin d’un malheur, mais la révélation d’un tournant : la Torah ne peut survivre que dans l’amour, l’unité, et la reconnaissance de la grandeur de l’autre.
La lumière de Rabbi Shimon bar Yohaï
Lag BaOmer est aussi le jour de l’élévation de Rabbi Shimon bar Yohaï (Rashbi), l’un des cinq disciples que Rabbi Akiva forma après la tragédie. Ce jour-là, Rashbi quitta ce monde en dévoilant à ses élèves les plus hauts secrets du Zohar, rassemblés dans une section connue sous le nom de Idra Zouta.
Contrairement à une mort ordinaire, son départ fut un moment de gloire mystique, où le monde fut inondé de lumière. Il demanda que l'on se réjouisse ce jour-là : « C'est un jour de ma joie ! »
Zohar, Rahamim, et la Délivrance
Le Zohar, cœur incandescent de la Kabbale, porte en lui l’annonce du Machia’h. Mais pas un messie de guerre ou de jugement — un messie de rahamim, de miséricorde.
Rabbi Shimon bar Yohaï incarne cette vision : une Torah de profondeur, révélée dans l’amour, capable d’unifier les mondes d’en haut et d’en bas. Lag BaOmer devient ainsi un jour messianique par excellence — où les voiles se déchirent pour laisser entrevoir un monde réparé.
Havrouta
L’amitié comme véhicule de Sagesse
L’un des enseignements les plus subtils de Lag BaOmer est celui de la Havrouta, cette forme d’étude en binôme, fondée sur le dialogue, la confrontation bienveillante et la co-création du sens. C’est l’antidote au défaut des élèves de Rabbi Akiva.
Dans la Havrouta véritable, chacun devient le miroir et le révélateur de l’autre. L’amitié devient un espace sacré de dévoilement. Ce n’est plus le savoir en soi qui est central, mais la qualité du lien qui le transmet et le fait grandir.
L’unité des dix : Réceptacle du Machia’h
Les Kabbalistes enseignent que dix hommes unis dans une vraie unité forment un réceptacle pour la Présence divine, la Shekhina, et ouvrent une brèche vers la Délivrance. Ce chiffre évoque les dix sefirot, les dix forces créatrices, mais aussi les dix étudiants réunis autour de Rabbi Shimon lors de son dernier jour. Lorsque la connaissance cesse d’être un privilège solitaire pour devenir une lumière partagée, alors s’ouvre la voie du Machia’h.
Aujourd’hui
Aujourd’hui, le feu de Rabbi Shimon brille dans les collines de Méron et dans les cœurs de ceux qui cherchent la lumière intérieure.
Aujourd’hui, le deuil devient danse, l’absence devient présence, et l’étude devient chant.
Le Lag de Lag BaOmer devient ג"ל – “Révélation” : la Révélation de ce que peut être une Torah de vie, d’amour et de secrets partagés dans la grâce.
