
Pessa'h Chéni
La Deuxième Chance
Pourquoi serais-je exclu ?
(Bamidbar 9:7)
Un cri du cœur
La Torah raconte dans le livre de Bamidbar (9:6-14) qu’un groupe d’hommes, rendus rituellement impurs à cause d’un contact avec un mort, n’a pas pu offrir le sacrifice de Pessa’h à la date prévue. Ils se sont tournés vers Moché Rabbénou en s’écriant :
"לָמָּה נִגָּרַע – Pourquoi serions-nous exclus ?"
Moché consulte Hachem, et la réponse est extraordinaire : un nouveau rendez-vous est fixé un mois plus tard, le 14 Iyar, pour offrir le Korban Pessa’h Chéni – le "Pessa’h de remplacement".
Ce moment n’a pas seulement une portée technique, mais une signification existentielle profonde : il y a toujours une deuxième chance. Même quand on a raté la première occasion, il est encore possible de se rapprocher.
Rabbi Na'hman : le refus du désespoir
Rabbi de Breslev fait du refus du désespoir un fondement de son enseignement. Il enseigne qu' "Il n’y a pas de désespoir dans le monde du tout"
« אין ייאוש בעולם כלל »
Likoutey Moharan II, 78
Pessa’h Chéni en est l’incarnation parfaite
Les hommes impurs auraient pu se résigner : "Nous avons raté notre chance, c’est terminé." Mais au lieu de cela, ils ont crié, prié, demandé une nouvelle possibilité, et celle-ci leur a été accordée. Rabbi Na'hman insiste sur le fait que ce cri sincère vers Hachem peut briser toutes les barrières. Même si l’on est loin, impur, ou rejeté – il y a toujours un chemin de retour.
"Pourquoi serais-je exclu ?"
Une prière éternelle
Rabbi Na'hman enseigne que chaque prière, même d’une âme très éloignée, a une valeur infinie. Le cri « Pourquoi serais-je exclu ? » devient une prière puissante, que chacun peut prononcer dans ses moments d’éloignement ou de chute spirituelle.
Dans Likoutey Halakhot (Pessa’h 5), Rabbi Nathan de Breslev commente que Pessa’h Chéni est le secret du renouveau, de la Teshouva. Même quelqu’un qui a été "impur", qui a raté le moment, peut recommencer. Ce principe traverse toute la pensée de Breslev : l’homme n’est jamais figé dans ses fautes. Il y a toujours une autre porte.
Même un peu de matza
La Halakha de Pessa’h Chéni est révélatrice : contrairement à Pessa’h principal, il n’est pas nécessaire d’éliminer le 'hamets de la maison. Il suffit de manger un morceau de matza. Cela symbolise que même un petit geste, une petite Lumière, peut suffire à ouvrir une porte immense.
Comme Rabbi Na'hman le dit souvent : "Même un petit bon point" – "נקודה טובה" – est un point d’appui pour reconstruire tout un monde.
L’appel du cœur
Pessa’h Chéni nous enseigne que le service divin ne se fait pas seulement par la perfection, mais surtout par le désir. Le Rav Tsadok HaCohen dit que "le désir, le vouloir, est plus grand que l’accomplissement".
Rabbi Na'hman ajoute que le simple fait de vouloir se rapprocher d’Hachem est déjà un lien très profond avec Lui (Likoutey Moharan I, 66).
Ces hommes impurs n’ont pas offert le sacrifice au moment voulu, mais leur volonté de ne pas être exclus a créé une nouvelle mitsva. Leur sincérité a fait descendre une lumière qui n’existait pas auparavant.
Une leçon pour chaque jour
Pessa’h Chéni est plus qu’une date : c’est un principe de vie. Dans nos moments de chute, de doute ou de distance, la voix de Pessa’h Chéni résonne :
Tu peux encore revenir
Demande
Crie.
Ne te résigne pas
Rabbi Na'hman enseigne que le Tsadik véritable réveille en chacun la conscience que tout est encore possible, que même au plus bas, on peut recommencer