
La Mémoire du Futur
Rabbi Nahman, Netsah et la Victoire sur la mort
Dans les Parashiot Aharei Mot et Kedoshim, la Torah juxtapose deux réalités en apparence opposées : la conscience aiguë de la finitude humaine, après la mort des fils de Aharon, et l’appel à la sainteté, à devenir Kadosh, Saint « Car Je suis Saint, Moi, Hachem ».
Ces deux dimensions, loin d’être contradictoires, sont au cœur même de l’enseignement de Rabbi Naḥman de Breslev.
Rabbi Naḥman, dont le nom a la même Guematria que Netzaḥ (נצח = נחמן = 148), incarne cette énergie de la victoire sur la mort.
Netzaḥ n’est pas seulement la persévérance ou la ténacité. C’est la force intérieure de la conscience qui dépasse le temps, qui transforme la chute en élévation, le deuil en renaissance, la perte en présence.
La mort, pour Rabbi Naḥman, n’est pas une fin, mais une transition. Dans son Likoutey Moharan (Torah 65), il enseigne que l’homme doit constamment se souvenir de la finalité – Tikhla – non pas pour désespérer, mais pour purifier sa conscience et se relier à l’éternité.
La conscience de la mort devient ainsi la porte vers la Hayut, la vitalité divine.
« Il n’y a pas de désespoir dans le monde du tout », dit-il car même dans la plus grande obscurité, la lumière de Netzaḥ peut surgir.
Aharei Mot signifie littéralement : « Après la mort ». Mais c’est précisément après la mort que commence le chemin vers la Kedousha, la Sainteté. Kedoshim Tihiyou, « vous serez Saints », est un Futur : un appel à vivre déjà maintenant dans la mémoire du Futur. Rabbi Naḥman appelait cela Zikaron le’atid — se Souvenir du Futur, de ce qui n’est pas encore advenu.
C’est cela l’Eternité : la présence du futur dans le présent. Le Tsadik, disait-il, vit dans le futur, il parle depuis l’éternité.
Ainsi, Nahman = Netzaḥ. Le nom du Tsadik est inscrit dans la structure même de la victoire sur la mort. Le Tsadik révèle que la fin n’est qu’un commencement, que l’homme peut, par la force de la foi, de la parole et du chant (com